La Lance de Longinus, également appelée Lance du Destin ou Lance Sacrée, est une relique légendaire associée à la crucifixion de Jésus-Christ.
Selon la tradition chrétienne, cette lance aurait été utilisée par un soldat romain nommé Longinus pour percer le flanc du Christ sur la croix, confirmant sa mort et faisant jaillir du sang et de l’eau (Jean 19, 34). Cette relique, conservée parmi les trésors du Vatican, a une histoire complexe mêlant foi, politique et légendes. Voici une exploration détaillée de son histoire, de ses origines, de son parcours à travers les siècles et de sa signification.
Origines et contexte biblique de la lance
Récit évangélique : L’Évangile selon Jean (19, 31–34) décrit comment, après la crucifixion, les soldats romains brisèrent les jambes des deux criminels crucifiés aux côtés de Jésus pour hâter leur mort avant le sabbat. Constatant que Jésus était déjà mort, un soldat transperça son flanc avec une lance, d’où sortirent du sang et de l’eau, un détail interprété théologiquement comme un symbole des sacrements (baptême et eucharistie).
Longinus : Le nom du soldat n’apparaît pas dans les Évangiles canoniques, mais il est mentionné dans des textes apocryphes comme l’Évangile de Nicodème (IVe siècle), où il est appelé Longinus. La tradition chrétienne ultérieure le présente comme un centurion romain qui, en voyant les signes miraculeux (ténèbres, tremblement de terre) après la mort de Jésus, se serait converti en disant : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu » (Marc 15, 39). Certaines légendes affirment qu’il devint un saint et un martyr, célébré le 15 mars dans l’Église catholique.
Histoire de la relique
La Lance de Longinus, comme beaucoup de reliques, a une trajectoire historique incertaine, mêlant faits, traditions et revendications concurrentes. Voici son parcours supposé :
Antiquité tardive et Moyen Âge
Jérusalem : Après la crucifixion (vers 30 ap. J.-C.), la lance aurait été conservée par les premiers chrétiens comme une relique sacrée. Elle aurait été redécouverte au IVe siècle par sainte Hélène, la mère de l’empereur Constantin, lors de son pèlerinage à Jérusalem. Hélène est également créditée pour avoir retrouvé la Vraie Croix et d’autres reliques de la Passion.
Constantinople : La lance aurait été transférée à Constantinople au IVe siècle, sous le règne de Constantin, qui en fit un centre du christianisme. Elle y resta pendant plusieurs siècles, conservée dans l’église Sainte-Sophie ou dans le palais impérial.
Multiples prétendants : Dès le Moyen Âge, plusieurs lances furent revendiquées comme étant la « vraie » Lance de Longinus, notamment à Antioche (découverte lors de la Première Croisade en 1098), à Paris (apportée par Louis IX au XIIIe siècle), et à Vienne (conservée par les empereurs du Saint-Empire romain germanique).
Arrivée au Vatican
La lance actuellement au Vatican serait celle de Constantinople. Après la chute de la ville aux mains des Ottomans en 1453, le sultan Mehmed II l’aurait offerte au pape Pie II en 1459 comme un geste diplomatique, espérant une alliance contre les Turcs. Une autre version suggère qu’elle fut apportée à Rome plus tôt, après le sac de Constantinople par les croisés en 1204.