Envoûtements et sortilèges
Ce que les sorciers cherchent surtout dans leurs évocations des esprits impurs c’est cette puissance magnétique qui est le partage du véritable adepte. La folie des sorciers étant une folie méchante, un de leurs buts est le pouvoir des envoûtements ou des influences délétères.
Les envoûtements des sorciers peuvent être comparés à de véritables empoisonnements d’un courant de lumière astrale. Ils exaltent leur volonté par des cérémonies au point de la rendre venimeuse à distance.
Un envoûtement pratiqué dans les campagnes consiste à consacrer des clous pour les oeuvres de haine avec les fumigations puantes de saturne et des invocations aux mauvais génies, puis a suivre les traces de la personne qu’on veut tourmenter, et à enclouer en forme de croix toutes les empreintes de ses pas qu’on pourra retrouver sur la terre ou sur le sable.
Un autre plus puissant se pratique ainsi: on prend un gros crapaud et on lui administre le baptême en lui donnant les nom et prénoms de la personne qu’on veut maudire.
On lui fait avaler ensuite une hostie consacrée sur laquelle on a prononcé des formules d’exécration, puis on l’enveloppe dans les objets magnétisés, on le lie avec les cheveux de la victime, sur lesquels on aura d’abord craché, et on enterre le tout soit sous le seuil de la porte de la personne visée, soit à un endroit où elle passe tous les jours. L’esprit élémentaire de ce crapaud deviendra un cauchemar pour ses songes.
Les envoûtements par les images de cire.
Les sorciers mêlaient à la cire de l’huile baptismale et des cendres d’hosties brulées. On formait avec la cire maudite une image aussi ressemblante que possible de celui qu’on voulait envoûter; on revêtait cette image de vêtements semblables aux siens, on lui donnait les sacrements que lui-même avait reçus, puis on prononçait sur la tête de l’image toutes les malédictions qui exprimaient la haine du sorcier, et on infligeait chaque jour à cette figure des tortures imaginaires, pour atteindre et tourmenter celui ou celle que la figure représentait.
L’envoûtement est meilleur si l’on peut se procurer des cheveux, du sang et surtout une dent de la personne envoutée. C’est ce qui a donné lieu à l’expression: “Avoir une dent contre quelqu’un”.
On envoûte aussi par le regard, c’est ce qu’on appelle en Italie la jettatura, ou le mauvais œil
Une menace est un envoûtement réel, parce qu’elle agit vivement sur l’imagination, surtout si cette imagination accepte facilement la croyance d’un pouvoir occulte et illimité. La terrible menace de l’enfer a créé plus de cauchemars, plus de maladies, plus de folies furieuses, que tous les vices et tous les excès réunis.
Mais l’envoûtement par la menace produit un effet absolument contraire aux intentions de l’opérateur quand la menace est évidemment vaine, quand elle révolte la fierté légitime de celui qui est menacé et provoque par conséquent sa résistance, quand elle est ridicule à force d’être atroce.
Un grand moyen de résister à l’envoûtement, c’est de ne pas le craindre. L’envoûtement agit à la manière des maladies contagieuses. En temps d’épidémie, ceux qui ont peur sont frappés les premiers.
Le moyen de ne pas craindre le mal, c’est de ne pas s’en occuper, il est conseillé aux personnes nerveuses, faibles, crédules, hystériques, superstitieuses, dévotes, sottes, sans énergie, sans volonté de ne jamais ouvrir un livre de magie, ou fermer celui-ci si ils l’ont ouvert, de ne pas écouter ceux qui parlent des sciences occultes, de s’en moquer, de n’y jamais croire.
Pour guérir une personne envoûtée il faut lui conseiller de fare un cadeau à l’envoûteur, à lui rendre un service qu’il ne puisse pas refuser, et à essayer de l’amener, soit directement, soit indirectement, à la communion du sel.
La personne qui se croira envoutée par l’enterrement du crapaud devra porter sur elle un crapaud vivant dans une boite de corne.
Pour l’envoûtement par le coeur percé, il faudra faire manger à la personne malade un coeur d’agneau assaisonné avec de la sauge et de la verveine, et lui faire porter un talisman de Vénus ou de la lune contenu dans un sachet plein de camphre et de sel.
Pour l’envoûtement par la figure de cire, il faut faire une figure plus parfaite, lui mettre de la personne même tout ce qu’elle pourra donner, lui attacher au cou les sept talismans, la placer au milieu d’un grand pantacle représentant le pentagramme, et la frotter légèrement tous les jours d’un mélange d’huile et de baume après avoir prononcé la conjuration des quatre pour détourner l’influence des esprits élémentaires.
Au bout de sept jours il faudra bruler l’image dans le feu et l’on pourra être sur que la statuette fabriquée par l’envoûteur perdra au même moment tout son pouvoir.
Les voeux des parents engageant l’avenir de leurs enfants sont des envoûtements condamnables: les enfants qu’on vouait autrefois au célibat tombaient ordinairement dans la débauche ou tournaient au désespoir et à la folie.
Il n’est pas permis à l’homme de violenter la destinée, encore moins d’imposer des entraves au légitime usage de la liberté.