Charlotte Dupin et les religieuses des prisonniers
En 1793, sous l’époque de la Terreur qui succéda à la Révolution Française, le curé d’Ainay à Lyon fut jeté en prison ainsi que sa jeune servante Charlotte Dupin.
C’est dans cette prison que Dieu envoya un message à la jeune femme et de cette inspiration divine naquit l’oeuvre des prisons.
Charlotte Dupin avait promis de se consacrer au service des pauvres prisonniers si elle était libérée et, après sa libération elle continua de rendre visite aux prisonniers.
Rapidement débordée, sa soeur et d’autres jeunes filles viennent l’aider à porter aux prisonniers des vivres et des vêtements qu’elles récoltent pour eux, elles créent une société de bienfaisance baptisé les « Charlottes » qui se consacre à la visite des détenues.
A cette époque les prisonniers souffraient de la faim, de la misère et du total manque d’hygiène. Les Charlottes avaient tellement de travail que leurs visites deviennent quotidiennes.
L’administration pénitentiaire demanda alors au groupe de loger dans la prison et en 1819 l’église demanda aux « Charlottes » de s’affilier aux soeurs de Saint-Joseph de Lyon, eles prononcèrent leurs voeux et devinrent religieuses.
En 1841 les religieuses de Saint-Joseph de Lyon qui s’occupent des prisons forment une nouvelle congrégation, elles s’installent en Haute-Vienne et prennent le nom de « Soeurs Marie-Joseph pour les prisons« .
A la mort de Charlotte Dupin, le 15 avril 1805, Jeanne-Louise Jullian puis Elisabeth Dupleix prennent en main la société et lui donnent un règlement approuvé par les autorités ecclésiastiques (indulgences reçues par le cardinal Caprara le 13 août 1805).
Religion en prison
La société est alors répartie en quatre sections : les quêteuses, les distributrices, les lectrices qui enseignent la Bible et les Saintes écritures aux prisonniers et les peigneuses qui, à l’image du Christ, lavent et peignent les indigents.
Des prisons de Lyon (en 1819) à la prison de la Petite Roquette puis à la maison d’arrêt des femmes de Fleury-Mérogis sans oublier le dépôt des femmes du Tribunal de Grande Instance de Paris, les religieuses ont été pendant près de deux siècles les collaboratrices discrètes et efficaces de l’administration pénitentiaire.
Aux alentours des années 1880/1890, les sœurs de la congrégation sont désormais présentes dans quelques cinquante établissements pénitentiaires.
L’administration leur confiera naturellement la gestion des crèches dans les maisons d’arrêt (Fresnes) ou dans les maisons centrales pour femmes (Haguenau, Rennes) au sein desquelles elles déploieront là aussi une inépuisable énergie pour que mamans et enfants tentent d’oublier un peu l’univers carcéral.
En 1995, un enseignant spécialisé de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis introduit un recours devant le tribunal administratif de Versailles en attaquant la légalité de la convention passée par le Ministère de la Justice avec la congrégation.
Selon le plaignant, leur présence viole le principe de laïcité inscrit dans la Constitution et leur présence ne devrait pas être imposée à des détenues de toutes confessions ou courants de pensée.
L’absence de recrutement, le vieillissement des sœurs, notamment celles travaillant pour le compte de la Préfecture de Police au dépôt des femmes du Tribunal de Grande Instance de Paris mettront un terme à près de deux siècles de présence apaisante des sœurs de la congrégation dans les prisons de femmes.
Les dernières d’entre elles quitteront la Maison d’Arrêt des Femmes de Fleury-Mérogis en 2011 pour poursuivre hors les murs leur action.
Celles du Dépôt fermeront la porte du célèbre petit jardin clos de la Conciergerie en avril 2013.