Ordalie : épreuve par le fer brûlant
Au moyen-âge, les ordalies étaient des épreuves imposées par le clergé pour rechercher la vérité autrement que par l’aveu et le témoignage. Les juges utilisaient ces méthodes pour faire avouer l’accusé et rendre une justice appropriée dite divine.
les principaux modes d’épreuves étaient les suivants :
- le fer rouge,
- l’eau bouillante et l’eau froide,
- la croix,
- la bouchée maudite, le pain de malédiction,
- le cercueil et le poison.
L’épreuve par le feu ou par le fer rouge brûlant était réglementée : tantôt il fallait traverser un bûcher ou un
brasier, tantôt appliquer la langue sur une plaque incandescente, tantôt recevoir sur la main des gouttes de plomb fondu.
Au moyen âge, le feu était réservé aux causes criminelles : l’accusé devait marcher pieds nus sur des charbons ardents. D’autres fois on le forçait à insérer la main, durant quelques secondes, dans un gant de fer brûlant. Si trois jours
après il restait trace de brûlures, le malheureux était déclaré coupable.
épreuve de la barre de fer
La principale épreuve du feu était celle de la barre de fer. On l’employait pour les gens de qualité quand on les dispensait du combat, les autres avaient droit à l’épreuve de l’eau.
Les barres de fer étaient bénites et déposées dans des chapelles. Pour l’ordalie simple, la barre pesait une livre, le plus souvent elle en pesait trois : c’était l’ordalie triplex.
Les préliminaires consistaient à mesurer sur le sol neuf fois la longueur du pied du prisonnier et on la divisait en trois parties égales appelées pas. A la limite du premier pas était apporté un petit pilier de pierre, destiné à être le support de la barre brûlante.
L’accusé passait trois journées en prières pendant lesquelles il jeûnait au pain et à l’eau. Au jour de l’épreuve, le prêtre revêtu de tous les ornements sacrés, excepté la chasuble, chantait un hymne, bénissait les assistants et le feu invoquant Dieu de qui vient toute lumière et le priant d’éclairer ses serviteurs fidèles.
Ceci achevé, on disait un Pater, quelques psaumes et on chauffait le fer pendant une durée plus ou moins longue.
La communion du prêtre terminée, l’officiant s’approchait de l’accusé, l’adjurait au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit, par l’Église, les reliques et le baptême, de ne pas s’approcher du saint autel s’il avait commis le crime.
Après avoir répondu négativement, le prévenu recevait l’Eucharistie, et la messe s’achevait.
On y ajoutait des litanies et cette prière:
« Dieu, qui nous donnes par le feu des signes de ta puissance ! qui as fait paraître un buisson ardent devant Moïse sans permettre qu’il fût consumé ! qui as permis aux trois enfants de sortir sains et saufs de l’ardente fournaise! qui as brûlé Sotlome et sauvé Loth! etc., fais que la main de ton serviteur soit brûlée s’il est coupable : fais qu’elle demeure intacte s’il est innocent. »
On donnait encore une nouvelle aspersion d’eau bénite ensuite l’accusé prenant le fer rouge dans la main, le soulevait une ou plusieurs fois selon ce qu’avait ordonné le juge, ou encore le portait aussi rapidement qu’il le pouvait à la limite
imposée puis on enfermait la main dans un sac sur lequel le juge et l’accusateur apposaient leurs sceaux qu’ils brisaient trois jours après.
Si au bout de ces 3 jours il n’y avait aucune marque de brûlure, l’accusé était proclamé innocent; autrement, le degré de culpabilité se réglait d’après le plus ou moins de traces qu’avait laissées le feu sur les chairs.
Au lieu de barres de fer, on prenait quelquefois neuf socs de charrue que l’on faisait chauffer et sur lesquels l’accusé devait
marcher sans chaussures.
La justifice par le feu n’était employée le plus souvent qu’en l’absence de toute preuve.
Les Papes commencèrent d’abord par en dispenser les ecclésiastiques, puis bientôt l’interdirent à tout chrétien, enfin elle fut complètement supprimée par le Concile de Latran, sous le pape Innocent III.
Parfois on était autorisé à se soustraire à l’épreuve en produisant des témoins et en versant une certaine somme à l’accusateur et aux juges. Cette sorte de composition s’appelait le rachat de la main.
C’est de cette époque que vient l’expression « Mettre sa main au feu » pour garantir que l’on dit la vérité.