Masques et rites funéraires en Nouvelle Calédonie
Dans la société traditionnelle kanak, les nombreux événements qui ponctuent la vie sociale sont autant d’occasions de cérémonies d’échanges, qui comprennent des dons et des discours. Ces échanges impliquent à la fois les vivants et les morts.
C’est en effet par la remontée jusqu’aux ancêtres que la parole cérémonielle trouve son efficacité et peut faire descendre sur les hommes la paix et l’harmonie.
De plus, l’entrée d’un défunt au pays des morts, qui est marquée par une série de rituels cérémoniels, correspond au passage d’un individu d’un monde à un autre.
En Nouvelle-Calédonie, les masques apparaissaient principalement lors des rituels funéraires consacrés aux chefs défunts, mais ils pouvaient cependant être utilisés au cours d’autres cérémonies marquant les étapes du cycle de la vie d’un individu.
L’usage du masque ayant pris fin avec la colonisation, peu d’informations ont survécu ; il semble varier selon la zone de production (de même que son nom, ses matériaux de fabrication et ses formes changent selon les régions).
Au nord de la Nouvelle-Calédonie, le masque était étroitement associé aux cérémonies funéraires des chefs où il apparaissait comme un substitut de ces derniers. Il était un symbole de la chefferie, un objet puissant, jouant un rôle important dans l’exercice du pouvoir spirituel et politique du chef.
Il lui était offert lors de son intronisation, conjointement à d’autres emblèmes d’autorité qui sont la flèche faîtière (trônant sur la case du chef) et la hache ostensoir.
Les masques de deuil kanak étaient confectionnés avec les cheveux des personnes qui avaient en charge le corps du défunt durant les différentes séquences du deuil. La tradition leur imposait de ne pas se couper les cheveux pendant toute la période des cérémonies.
Les deuilleurs retenaient cette masse de cheveux dans une coiffe faite traditionnellement de tapa ( écorce battue), puis de tissu d’origine européenne.
Depuis la conversion massive des Kanak au christianisme, les rites funéraires n’ont pas vraiment disparu, mais ont été adaptés : seul subsiste un déséquilibre notoire en faveur des parents utérins dans l’échange des dons cérémoniels, afin de marquer leur rôle prédominant dans la construction de la société humaine.
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