Quelle était l’odeur associée au parfum de Dieu dans l’Antiquité?
Les odeurs sont souvent associées à des ambiances ou à des lieux, et intimement associées à notre mémoire. Une touche de parfum, et voici que le salon devient plus convivial ; telle senteur évoque la nature et la sérénité ; telle autre rappelle l’hôpital et peut mettre un peu mal à l’aise.
De la même façon il existait, dans le temple de Jérusalem, dans l’Antiquité, une odeur du sacré, un mélange de parfums strictement réservés à Dieu, que l’on ne sentait qu’en sa présence.
Des parfums mystérieux
Dans le livre de l’Exode, la recette du premier de ces parfums si spécifiques est fournie :
« Procure-toi aussi des aromates de première qualité : de la myrrhe, du cinnamome aromatique, la moitié, soit deux cent cinquante ; du roseau aromatique, deux cent cinquante ; de la casse, cinq cents, en sicles du sanctuaire, avec un hîn d’huile d’olive. » (Exode 30.23-24)
Suivent des conditions sévères : les objets du culte doivent être oints de cette huile parfumée et tout ce qui la touchera deviendra saint, mais cette huile ne doit être ointe sur personne, sa recette ne doit pas être copiée car elle est sacrée et celui qui voudrait l’imiter sera retranché du peuple.
Suit la recette d’un deuxième parfum, celui-ci n’étant pas une huile à répandre mais un mélange solide à brûler sur l’autel :
« Procure-toi des essences parfumées : storax, ambre, galbanum parfumé, encens pur, en parties égales. Tu en feras un parfum mélangé, travail de parfumeur, salé, pur, sacré ». (Exode 30.34-35).
Ce parfum-là aussi est restreint au culte ; son usage dans le monde profane ou son imitation, même pour le simple désir d’en connaître l’odeur, sont condamnés par la mort du fautif.
Malheureusement, ces citations, issues de la Traduction œcuménique de la Bible, ils comprennent des approximations puisque les termes d’origine, en hébreu, sont des mots techniques.
La bible de Louis Segond, pour le parfum solide, mélange plutôt du stacté et de l’ongle odorant au galbanum et à l’encens ; la bible Darby traduit l’ambre par « de la coquille odorante » ; la bible Martin y voit «de l’onyx», etc. Pourrons-nous reconstituer l’odeur de ces parfums ? Pas sûr : on ne sait pas réellement, au fond, ce qu’ils contenaient.
Tout ce que l’on sait, c’est que ces deux parfums ne pouvaient être sentis que dans le temple de Jérusalem. À l’inverse, l’emploi de parfums profanes sur l’autel est strictement interdit (Exode 30.9).
Il existait donc une odeur du sacré, une odeur que les fidèles associaient sans doute à la présence de Dieu.
Un symbole de la grandeur de Dieu
Cette odeur spécifique au sanctuaire se retrouve dans de nombreuses sources antiques.
Elle évoque toujours la grandeur de Dieu. Dans le Talmud de Jérusalem (Ve siècle de notre ère), le souvenir est particulièrement embelli : on dit que, jusqu’à Jéricho, on pouvait sentir l’odeur de l’encens brûlé au temple et entendre la musique et la voix du grand prêtre (TJ, Soucca, V, 3), soit à vingt-cinq kilomètres de distance !
Bien entendu, c’est très improbable, mais ce qui compte, c’est surtout que le sanctuaire, dans cette mémoire rabbinique, était un lieu hors du commun, qui transcendait toutes les lois de la nature, parce qu’il était le séjour du Dieu d’Israël.